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Dossier : Maths et Entreprises

01 juin 2016 Actualité
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Il y a un an paraissait la première étude sur l’impact socio-économique des mathématiques en France, commandée par l’Agence pour les mathématiques en interaction avec les entreprises et la société (Amiès). Si d’autres pays s’étaient déjà intéressés à la question (Royaume-Uni, Pays Bas), ce n’était pas le cas de la France. Hors, étant donnée l’évolution actuelle du marché du travail, il est important de comprendre ses sources de croissance et, à l’heure du numérique, les mathématiques y jouent un rôle primordial. Les conclusions de l’étude sont intéressantes car différentes de ce qu’on entend habituellement. Certes, les qualités académiques de la recherche mathématique française ne sont plus à démontrer : 4000 chercheurs et enseignants chercheurs, 12 médailles Fields contre 13 aux US,  8.5% des publications les plus citées à deux ans derrière les US (27.3%) et la Chine (20.5%). Néanmoins, il est bien plus complexe d’évaluer l’impact de ces compétences sur les entreprises et le marché de l’emploi ; c’était le but de ce travail réalisé par le cabinet CMI.

 

Il se trouve que cet impact est important : les métiers à composante mathématique sont évalués à 15% du PIB, pour 9% des emplois (avec une croissance de +0.9% contre +0.5% pour le reste des emplois entre 2009 et 2012), les secteurs les plus impliqués étant les services informatiques, la R&D, la production et distribution de gaz et d’électricité. Il est de plus estimé que « 30% des emplois mobilisant des mathématiques résultent de l’application directe des résultats de la recherche et des outils mathématiques, en dehors des secteurs de l’informatique et de la finance », ce qui plaide pour le maintien de la recherche dans ce secteur et le progrès de sa diffusion en entreprise. Le rapport souligne à ce sujet « l’idéal type » pour les entreprises d’ingénieur-docteur, disposant d’une compétence pointue mais capable « d’investigations aux interfaces ». Néanmoins, bien que l’intérêt des partenariats dans ce domaine ait fait ses preuves, la question des interactions entre mondes académique et industriel reste un problème réel. Ainsi, les parcours sont parfois difficilement lisibles pour les recruteurs, qui ne prennent que progressivement conscience de l’importance de ces compétences. Les entreprises embauchent rarement sur l’étiquette « mathématiques » mais plutôt sur un ensemble de compétences liées, et le parcours des docteurs en entreprise reste peut suivi (alors que les chiffres d’embauche sont excellents).

 

Plusieurs pistes sont envisagées pour pallier ce manque d’interactions : thèses CIFRE, dispositif de doctorant-conseil, instituts Carnot … mais le moteur le plus fort sera, sûrement, la simple demande des entreprises. En effet, on manque aujourd’hui d’ingénieurs en Data Mining par exemple, et l’émergence de systèmes complexes entraîne de nouveaux besoins dans de nombreux domaines à fort potentiel de croissance : simulation moléculaire, réseaux électriques intelligents, calcul intensif, imagerie du vivant, sécurité informatique, etc. Si les besoins et les compétences sont là, la solution de l’équation dépend fortement de trois paramètres : d’une part, les politiques doivent orienter des formations en direction de ces opportunités, ainsi que maintenir leur soutien à la recherche académique ; d’autre part les industriels doivent affirmer l’importance de ces compétences et être capables d’intégrer ces profils afin d’en tirer toute la richesse possible dans un cadre adapté ; enfin, les académiques doivent prendre en main les aspects industriels liés à leurs recherches afin de permettre le passage de l’idée à la réalisation.

 

Pour un résumé rapide : http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/05/27/les-mathematiques-une-bonne-equation-pour-la-croissance_4641502_3234.html

Pour les courageux : http://www.agence-maths-entreprises.fr/a/?q=fr/eisem

 

Grégoire Ferré




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